C'est magnifique, tout communique !
Ou : pourquoi faire référence à Jacques Tati quand on crée une agence digitale pour les humains.
On n’a pas vraiment hésité. Les acronymes, déjà bien occupé. Les agences qui disent dans leur nom ce qu’elles font, compliqué, faudrait déjà que l’on sache, nous, ce que l’on fait. Et puis un jour, une visio avec François Houste et c’est une évidence. “En fait, c’est simple, c’est Mon Oncle.” Une fois de plus, il avait raison. Ce sera Mon Oncle.
Mon Oncle et avec lui l’univers de Jacques Tati ne vient pas d’entrer dans nos vies. Il a toujours été là.
De la découverte des Vacances de Monsieur Hulot sur une petite télé, un dimanche soir, en fin de zapping sur arte. Le voile se lève soudain sur un monde qui a toujours été là, comme un regard fraternel qu’on sentait depuis longtemps et qui se révèle pour la première fois. De l’humour et de l’amour. On perçoit immédiatement bien entendu l’immense travail, l’incroyable talent. On sent aussi l’amour sincère pour son prochain, sa douceur pour nos petits travers. L’efficacité de l’humour, la capacité à créer une distance, la caméra qui fait porter le regard sur ce petit détail qui fait “schting” comme la porte d’entrée de la salle du restaurant, le “meugneumeugneu” des haut-parleurs sur le quai de la gare (qui, semble-t-il n’ont pas été remplacés depuis).
Pierre Desproges le dira dans une chronique, en réponse à un critique disant d’un film “qu’il n’avait d’autre ambition que celle de nous faire rire” : “Molière, qui fait toujours rire le troisième âge, a transpiré à en mourir. Chaplin a sué. Guitry s'est défoncé. Woody Allen et Mel Brooks se sont fatigués, souvent, pour avoir eu, vingt heures par jour, la prétention de nous faire rire.” Et de conclure “Pauvre petit censeur de joie, tu sais ce qu'il te dit Monsieur Hulot ?”. Faire simple, clair et efficace, c’est un travail immense. Cela se sent dans les films de Jacques Tati. On saura plus tard les années de galère, la ruine et enfin le travail de Jérôme Deschamps, Macha Makeïeff et Sophie Tatischeff pour préserver et faire rayonner l’œuvre de Jacques Tati et en assurer la pérennité.
Après, donc, ce premier contact avec Les vacances de Monsieur Hulot, Jacques Tati n’a plus jamais été bien loin. Ce fut Jour de fête au cinéma, en couleur pour la première fois. Puis avec le coffret Studiocanal, tous les autres films, en particulier Playtime et Mon Oncle, encore et encore.
Le regard de Jacques Tati sur nos quotidiens, nos lubies, nos croyances, nos habitudes a toujours été présent dans notre façon de voir notre métier.
Ce regard de Jacques Tati reste d’une grande actualité. Prenons cet exemple, déjà utilisé ailleurs je l’avoue, des brins de muguet qui clôturent Playtime. En alignant les réverbères en bordure de route, on y voit, en effet des muguets. A l'heure de l'IA qui mâche, mange, digère et recrache le monde dans un réagencement infini de kaléidoscopes tristes et mous, nous avons grandement besoin de femmes et d’hommes qui voient du muguet en bordure de route.
Et Monsieur Hulot a toujours marché sur des lignes de désir. Se retrouvant là où on ne l’attend pas et puis, finalement, là où il voulait aller, lui. Y compris quand il essaie de se débarrasser d’une mouche dans un bureau, ayant bien entendu préalablement mis sa chaussure dans la peinture. Autant dire que le recruteur qui doit lui faire passer un entretien en est pour son grade en essayant de comprendre comment il a marché au plafond. “Et, vous vous voyez où, dans cinq ans ?”. Ces lignes de désir croisent les créations, les plannings, l’UX de tous nos projets. On pense, on agence et on voit les utilisateurices traverser tout cela en marchant dans les bégonias.
Alors, pourquoi Mon Oncle pour une agence ?
Parce que ce regard clair et lucide que porte Monsieur Hulot sur le monde qui l’entoure, enthousiaste et sincère, c’est celui que, très modestement, nous voulons mettre en œuvre dans notre agence.
Nous voulons aussi construire du vivre ensemble, faire le pont et le lien entre des univers qui parfois sont côte à côte mais ne se parlent que pas ou peu. Comme la place du village, habitée et joyeuse, bien loin de la villa Arpel et de ses soucis de portail et de fontaine dans le jardin.
Parce que nos utilisateurs et utilisatrices, comme Monsieur Hulot, marchent sur les lignes de désir, pas sur les parcours UX que nous avons pensés des heures durant.
Parce que c’est rigolo. Parce que “Mon Oncle est à l’accueil ?”, parce que “Vous voulez vraiment faire un virement à Mon Oncle ?” ou bien encore “Tu travailles avec qui ? Mon Oncle”. Et, potaches indécrottables que nous sommes, ça nous fait toujours et encore rigoler. Comme on dit dans le métier : faut pas mentir sur le produit. Et on aime bien la potacherie, quand même. N'oublions pas non plus John Cleese : “ne pas confondre sérieux et pompeux. On peut être sérieux sans être pompeux”.
Parce qu’à chaque fois que quelqu’un nous demande pourquoi, on peut dire pourquoi et, au besoin, offrir le film, que ce soit en VOD dans la boutique d’arte ou bien recommander le magnifique coffret Studiocanal.
Parce que c’est accueillant, bienveillant. Parce que c’est redire ce qui nous anime depuis bientôt 25 ans. Écouter et regarder les usagers. Voir, en quoi, le numérique, peut apporter des solutions efficaces et justes. Des solutions accessibles à toutes et tous. Nos premiers pas d’agence se firent en 2005, avec la loi d’accessibilité numérique. Cette loi posait les bases d’une plus grande inclusion et d’un meilleur accès des personnes en situation de handicap aux outils qui font désormais notre quotidien. Le chemin est encore long. Mais on avance. Parce que le neuf n’est pas toujours meilleur que l’ancien qui tourne. Mon Oncle ne répare pas ce qui n’est pas cassé.
Comme Monsieur Hulot qui surplombe des bureaux carrés à perte de vue, semblant se demander quel est le sens de tout ça, nous nous demandons aussi, toujours, quel est le sens pratique de ce que nous avons à mettre en œuvre, quelle est la meilleure réponse à apporter. Parce que Monsieur Hulot se promène le nez au vent sur son vélosolex (Mon Oncle) mais aussi dans une 4L camping toute neuve de son invention (Trafic). Nous sommes passionnés par le numérique, par ce qu’il apporte. Cela n’empêche pas d’avoir un sens pratique et un regard critique sur les nouveautés.
Dans son nom, Mon Oncle est une révérence et un remerciement à Jacques Tati pour son œuvre. Dans son projet, notre agence se veut légère, agile, turbulente, comme son logo qui sautille. Engagée, forte et motivée, comme le rouge de son logo et de ses lettres en pagaille. Riche en ambitions, en idées, comme le grain des caractères d’imprimerie de notre typo :